Comptabilité : Quel est le plus haut grade en comptabilité ? Décryptage complet

Comptable senior confiant dans un bureau lumineux avec rapport financier

Dans les cabinets comptables d’envergure, moins de 20 % des postes de direction sont occupés par des femmes, alors que celles-ci représentent désormais la majorité des diplômés en comptabilité. L’écart salarial entre hommes et femmes, à qualifications égales, atteint encore 14 % dans le secteur.

Certaines entreprises multiplient pourtant les dispositifs d’accompagnement pour accroître la diversité à tous les échelons. Les avancées se heurtent à des plafonds de verre persistants, ainsi qu’à des réseaux informels souvent masculins. Les parcours d’ascension restent marqués par des disparités notables, malgré des évolutions récentes du métier.

La profession comptable : un univers longtemps masculin, mais en pleine évolution

Longtemps, la profession comptable s’est construite dans un entre-soi masculin. À Paris comme en province, la majorité des postes à responsabilité revenait aux hommes, un fait largement documenté par les revues comptables et les accounting organizations depuis le XIXe siècle. Jusqu’aux années 1970, la présence féminine dans les cabinets restait marginale, et rares étaient celles à accéder à des fonctions de direction. Les sociétés savantes, les comités de rédaction, les instances ordinales : partout, la transmission des savoirs se faisait en cercle restreint.

Pourtant, le paysage a changé de visage. Les dernières données révèlent que la proportion de femmes dans la profession comptable dépasse désormais la moitié chez les étudiants en expertise comptable. À Paris, nombre de cabinets d’envergure affichent aujourd’hui des équipes pluriel, fruits de politiques volontaristes en faveur de la mixité. Les publications sur la mixité dans accounting organizations and society convergent : le secteur avance, la féminisation est engagée, et le mouvement ne paraît pas près de s’arrêter.

Mais la question du genre reste posée. Même si la profession s’ouvre, les postes de décision échappent encore largement aux femmes. Les revues comptables françaises et internationales, comme « Accounting, Organizations and Society », multiplient les analyses sur les dynamiques de pouvoir. Des chercheurs publiés dans « Critical Perspectives on Accounting » pointent la force persistante des stéréotypes et des réseaux masculins. Les progrès ne font pas disparaître la nécessité d’interroger la structure de la profession, son histoire et les mécanismes de cooptation encore à l’œuvre.

Pour mieux comprendre les tendances actuelles, voici trois points qui se dégagent des analyses récentes :

  • France : la mixité progresse parmi les collaborateurs, mais l’accès aux plus hauts échelons reste réservé en majorité aux hommes.
  • Genre et reconnaissance : la présence des femmes dans les publications scientifiques évolue, mais lentement, reflet d’un mouvement général dans la profession.
  • Society et organisations : de nombreuses initiatives voient le jour pour rééquilibrer les effectifs, sans pour autant remettre en cause la culture dominante du secteur.

Pourquoi les femmes sont-elles encore sous-représentées aux plus hauts grades ?

Le plafond de verre ne se fissure que par endroits dans la profession comptable. Les recherches en critical perspectives accounting s’interrogent sur la lenteur des avancées. Les talents féminins sont présents, les qualifications aussi, mais l’accès aux sommets reste souvent hors de portée.

Plusieurs freins se maintiennent. D’abord, l’institutionnalisation de la domination masculine au sein des cabinets d’audit et d’expertise : la cooptation, héritée d’une longue tradition, perpétue la reproduction d’élites masculines. Les réseaux professionnels, largement masculins, continuent de peser lourd dans les parcours de promotion. La place des femmes dans la profession demeure encadrée par des codes implicites, rarement remis en cause.

Les analyses issues de research critical perspectives mettent aussi en avant la pression des choix de vie. Les exigences de présence, la charge horaire et la mobilité attendues freinent l’ascension des femmes, notamment autour de la maternité. Les politiques internes relayées par les revues comptables peinent à produire des effets visibles sur les trajectoires professionnelles.

Les principaux blocages sont désormais bien identifiés :

  • Dominance persistante des réseaux informels masculins
  • Critères de performance et de progression alignés sur des modèles traditionnels
  • Peu de figures féminines mises en avant à la tête des cabinets

Cette situation interroge la capacité de la profession à évoluer. Les débats académiques, qu’ils abordent la question du plafond de verre ou l’ensemble des obstacles, aboutissent à une même lecture : la sous-représentation féminine dans les postes clés traduit des blocages profonds, qu’il reste à dépasser.

Salaires, progression de carrière et plafond de verre : état des lieux pour les femmes en comptabilité

Le plafond de verre façonne encore la progression des femmes dans la profession comptable. Les études menées en France, relayées par des revues telles qu’Accounting, Auditing & Accountability Journal ou Critical Perspectives on Accounting, mettent en avant un écart salarial qui persiste, même à ancienneté et qualifications identiques. D’après Barker et Monks, la différence de rémunération atteint parfois 15 à 20 % dès le niveau manager, et se creuse à mesure que l’on gravit les échelons.

Plusieurs éléments entrent en jeu. Les femmes sont moins nombreuses à accéder aux responsabilités, surtout dans les grands cabinets internationaux. Les critères de progression, disponibilité, volume d’heures facturées, implication dans les réseaux internes, favorisent des trajectoires masculines. Les études de Morrison, Von Glinow ou Lehman le montrent : la progression s’articule souvent autour de normes non dites, où une maternité ou une pause dans la carrière peuvent coûter cher.

Pour visualiser la situation, ce tableau synthétise la proportion de femmes et l’écart salarial selon le grade :

Grade Proportion de femmes (%) Écart salarial moyen (%)
Collaboratrice 58 5
Manager 38 15
Associée 18 20

La littérature issue des accounting research insiste également sur le poids des stéréotypes et la faible visibilité des dirigeantes. Même si la féminisation progresse dans les nouvelles générations, l’accès aux grades les plus élevés reste verrouillé. Les travaux de Reed, Kratchman ou Strawser appellent à revoir les modes d’évaluation et les parcours de promotion pour désamorcer ces freins structurels.

Vers plus d’équité et de diversité : initiatives inspirantes et pistes d’action à explorer

Le secteur comptable prend désormais à bras-le-corps la question de la diversité dans ses rangs. Des initiatives voient le jour, portées par de grandes organisations comme l’AICPA, pour donner accès aux postes d’associé·e ou de direction à davantage de profils variés. Les travaux de Ciancanelli, relayés dans Business Financial History, invitent à repenser les critères de promotion et à reconnaître d’autres formes de leadership, moins ancrées dans les schémas traditionnels.

Sur le terrain, plusieurs cabinets mettent en place des dispositifs concrets : mentorat structuré, objectifs de mixité, accompagnement lors du retour à l’emploi après une maternité. Certains s’appuient sur les analyses de Caroline Lambert ou de Luce Irigaray et instaurent des comités de sélection paritaires. Là où la gouvernance s’ouvre, les résultats suivent : la proportion de femmes promues progresse, les trajectoires se diversifient.

Voici quelques leviers déjà expérimentés ou à renforcer pour soutenir ce mouvement :

  • Accompagnement individualisé et constitution de réseaux féminins internes
  • Révision des critères d’évaluation de la performance pour une approche plus inclusive
  • Sensibilisation des managers aux biais inconscients via des formations dédiées

La recherche scientifique propose aussi d’autres pistes, moins souvent explorées : intégrer davantage le thème du genre et diversité dans la formation universitaire, ou renforcer les liens avec les associations professionnelles. Les contributions de Yvon Pesqueux et Jacques Derrida incitent à questionner les normes implicites et à ouvrir le débat sur la culture même du métier. Si la dynamique varie d’une structure à l’autre, la tendance est là : la diversité se construit par des engagements fermes, pas à pas, bien plus qu’à coups d’effets d’annonce.

Le sommet de la comptabilité ne se conquiert pas en ligne droite. Aux portes du pouvoir, les choix collectifs d’aujourd’hui dessineront les visages de demain, et peut-être, enfin, un paysage où les talents féminins ne se compteront plus sur les doigts d’une main.

ARTICLES LIÉS