Le management de transition : une solution pour soutenir la croissance d’une entreprise

Emergeant dans les années 1970 aux Pays-Bas sous le nom d’Interim-Management, la gestion de la transition a été développée pour répondre rapidement aux situations de crise (positive ou négative, forte croissance ou fermeture d’usine). Mais, pendant plusieurs années, cette pratique s’est considérablement développée en France.

Président de la Fédération Nationale du Management de Transition, qui rassemble une vingtaine d’entreprises françaises, Grégoire Cabri-Wiltzer a accepté de répondre aux questions de l’Atelier de l’Emplore.

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Qu’ est-ce que la gestion de la transition ?

Gregory Cabri-Wiltzer. Autrement dit : une entreprise exprime la nécessité, dans un délai déterminé, d’un cadre externe, d’effectuer une mission. Les entreprises de gestion de transition doivent trouver le gestionnaire, définirle besoin, définir la mission, puis l’accompagner jusqu’à la fin.

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L’ image de la gestion de la transition a souvent été assimilée à celle de la gestion des crises. C’est toujours le cas ?

Non, c’est une bonne idée. Le gestionnaire de transition n’est plus ce mercenaire extérieur qui vient à une entreprise pour réaliser un plan social ou une restructuration. C’est une vue très datée ! Aujourd’hui, 60% des missions concernent la gestion des changements et la mise en œuvre de projets, tandis que la gestion de crise ne représente que 15%. Aussi la gestion-relais, c’est-à-dire le remplacement de quelqu’un dans une entreprise pour un temps donné, représente plus, ou 25% de notre activité. La gestion de transition est une profession qui a considérablement évolué ces dernières années : elle ne se limite plus à la réalisation de plans sociaux, au contraire, la plupart de ses tâches sont la gestion deprojets !

« Le gestionnaire de transition n’est pas plus qu’un mercenaire extérieur venant dans une entreprise pour mener à bien un plan social ou une restructuration »

Pouvez-vous me donner quelques exemples (secteurs, professions…) ?

C’est très diversifié. Cela peut être, dans une usine, la création d’une nouvelle chaîne de production, la direction générale d’un groupe achetant une filiale à l’étranger et doit réorganiser cette branche. En RH, quelqu’un qui crée une nouvelle organisation RH ou SIRH. Aujourd’hui, les professions sont assez bien réparties dans les activités en France, 20% des missions tournent autour de la direction générale, 20% des ressources humaines, 20% des directions financières et 20% d’autres, du côté commercial, du marketing…

Pourquoi faire appel à une société de gestion de transition plutôt qu’à des forces internes ?

Il existe plusieurs approches : parfois vous n’avez pas les ressources disponibles, absolues ou à la fois T. Et dans d’autres cas, ces ressources n’ont pas les bonnes compétences. L’essentiel de la gestion des transitions est d’appeler quelqu’un qui est compétent, expérimenté et immédiatement opérationnel. Étant donné que le travail de gestion de la transition n’est pas une consultation, il s’agit de la gestion de projet de A à Z dans un temps limité.

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Quel est l’avantage d’utiliser quelqu’un à l’extérieur pour des projets qui affectent souvent l’organisation de l’entreprise ?

– Que ce soit quelqu’un dehors, que tout le monde sait (y compris lui-même) qu’il est là pour un temps limité dans l’entreprise, ça change beaucoup ! Leest libre de toute éventualité politique au sein de l’entreprise et pourra donc se consacrer exclusivement à sa mission. Bien sûr, il doit respecter les règles, mais il n’est pas là pour suivre une progression de carrière. Il peut se concentrer sur sa mission, et seulement sur sa mission. C’est un modèle d’affaires complètement différent de celui d’amener quelqu’un à diriger un département. Le but du directeur de transition : la mission, l’ensemble de la mission, juste la mission.

« Le directeur de transition est libre de toute éventualité politique au sein de l’entreprise et pourra donc se consacrer exclusivement à sa mission »

Comment les employés de l’entreprise réagissent-ils à la présence d’un gestionnaire de transition ?

Paradoxalement, puisqu’il n’est pas perçu comme un concurrent par les employés, n’étant là que pour un temps limité, le gestionnaire de transition se fait sentir comme unsoutien, quelqu’un qui n’est pas pris dans le vice des contingences politiques de l’entreprise et qui peut apporter son aide au niveau opérationnel, avec le recul et l’expérience nécessaires. Aujourd’hui, ce n’est plus ce mercenaire qui est venu « casser la boîte », c’est plutôt un « chevalier » qui vient l’aider, si vous voulez mon avis (rire) !

Quelles entreprises utilisent des gestionnaires de transition ?

Tout type d’entreprise : grandes, petites, grandes unités de groupe, sociétés internationales basées en France ou sociétés françaises à l’étranger. D’autre part, une entreprise comptant moins de 30 millions de CA aura tendance à appeler un gestionnaire de transition principalement pour des postes de direction générale ou de finance.

Dans quels domaines ?

55% de nos emplois sont dans l’industrie, 25% dans les services et10% dans la distribution. Dans ces domaines, la spécialisation est une tendance clé de la gestion des transitions : une recherche de personnes de plus en plus sophistiquées, de spécialistes des métiers ou des secteurs. Cela n’est pas banal, car il génère un travail de plus en plus difficile que les sociétés de gestion de la transition doivent fournir : identification, clarification de la mission, profils et suivi de la mission. Avant de dire « Trouve-moi dans DAF », aujourd’hui c’est « Trouve-moi un DAF spécialisé pour ce type de sujet, capable de mener à bien ce genre de mission ». En conséquence, le rôle de l’entreprise de transition devient de plus en plus complexe, d’autant plus que les entreprises sont très exigeantes dans le suivi de la mission de l’entreprise.

La gestion des transitions a-t-elle besoin d’une existence juridique spéciale ? D’un point de vue juridique, en quoi diffère-t-il du portage et de l’interframework ?

La gestion de la ditranquisition en tant que telle n’a pas de statut juridique spécifique. Il existe différentes façons de créer des gestionnaires de transition dans les entreprises : il peut y avoir des gestionnaires qui interviennent en leur nom, des gestionnaires qui sont à bord ou des gestionnaires temporaires. Toutes ces solutions coexistent très bien ensemble !

« Le but du directeur de transition : la mission, toute la mission, juste la mission. »

Quelle est l’histoire de la pratique de la gestion de la transition en France et à l’étranger ?

Historiquement, deux pays se distinguent en Europe : la Hollande et l’Angleterre. Dans ce second cas, il n’est pas étonnant que le Royaume-Uni soit un pays où la flexibilité des travailleurs est toujours privilégiée. L’autre pays qui a continué est l’Allemagne et, sur ce point, on peut dire que la gestion des transitions est aussi une culture : il faut comprendre qu’un projet n’est pas géré comme une entreprise enbien sûr, c’est un état d’esprit différent : cela fonctionne en « mode projet ».

Et les États-Unis ?

Curieusement, la gestion de la transition est relativement peu développée aux États-Unis : l’indépendance est beaucoup plus présente qu’en Europe et rend peut-être la gestion de la transition un peu moins nécessaire. Le mode de réflexion est complètement différent du nôtre, pour eux, la gestion des transitions n’est considérée que comme fournissant des pigistes.

En fait, le gestionnaire de la transition – qui effectue des affectations d’un an, parfois plus courtes – prévoit-il une relation de travail qui aura tendance à devenir plus répandue, vers une plus grande agilité et flexibilité ?

Dans sa philosophie, la gestion de la transition s’inscrit pleinement dans cette tendance. Prenez les gestionnaires eux-mêmes : ils ont souvent des cadres supérieurs de 50 ans qui ontconnu beaucoup de situations politiques dans leur carrière, ils ont déjà au moins 20 à 25 ans d’expérience dans l’entreprise et veulent se distancer, se concentrer sur leurs compétences. eacute ; tences et missions précises. Parfois, ils ont occupé d’importantes responsabilités d’entreprise et, en assumant une mission, retournent à leur profession… autant que dire leur passion.

Qu’ est-ce qu’un bon gestionnaire de transition ?

Compétent, opérationnel, flexible, pragmatique et concentré sur ce qu’il aime.

« Et la gestion de la transition est un outil structurel pour le changement dans les entreprises ! ”

Combien de temps dure une mission en moyenne ? Y a-t-il un écart important par rapport à la moyenne pour une mission ?

En général, une mission de transition est de 211 jours, selon les données de la FNMT. L’une des forces de cetteprofession est que le gestionnaire est sous tension parce qu’il a un temps limité pour définir sa mission : un projet est dans une certaine période de temps, sinon il est plus faible.Le facteur de temps est un facteur de performance.

L’avenir de la gestion des transitions en France, surtout face à la transformation numérique ?

Aujourd’hui, il y a beaucoup de transformations : numérisation, changement des méthodes de travail, mais aussi internationalisation. Les entreprises expriment le besoin croissant de trouver des mécanismes pour réaliser ces changements à tous les niveaux et du mieux qu’ils peuvent. Et la gestion de la transition est un outil structurel pour ces changements dans les entreprises !

Crédit Images et Graphiques : FNMT © ; Martinak15/CC BY 2.0

Source : Baromètre NPTF2014

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